La tête dans le guidon

De Pierre Melendez le 12/10/2021 (4 visites depuis 7 jours)

Déboulant à toute berzingue
dans un paysage de western
monté sur mon cheval de fer
posé sur des rails qui font la gueule
je ne pige toujours pas
pourquoi
je devrais m’arrêter à cet endroit là
ouais la ville a des airs de désert
urbain
à quelle heure part le prochain train ?

Peu importe la destination
sur fond d’épidémie mondiale
je me taille
dans ce wagon un peu rouillé
par les larmes des hommes divorcés
pour de rire
et réglant chaque mois leur loyer d’ex

Le rictus barré d’un masque chirurgical
j’évoque finement à mon voisin de banquette
ma période
de con
coincé dans un bocal d’olives
au cours de laquelle j’ai peiné à trouver un vinaigre suffisamment fort
pour me tenir
éveillé

J’ai donc repris la route
à tombeaux ouverts
roulant
de cimetière en corbillard
à la recherche d’une mémoire
testamentaire

Je n’avais pas foutu les pieds
sur
terre
depuis trois-cent-soixante-cinq jours
c’est dire
si
la halte sur le quai
me paraissait
c’est peu dire
attirante

Croisée à plusieurs reprises l’année précédente
la fille qui m’attendait

visible
sur ce même quai impassible
avait pris l’habitude
mais je ne m’y habituerais jamais
de répandre ses viscères
embrassées d’invectives
m’enjoignant à aller me faire pendre
me demandant l’impossible
être moi-même
et sortir la tête du guidon
Une histoire dans le monde
somme toute fort banale
à ouvrir comme une fenêtre
ou
un miroir
pour dresser au possible un fidèle auto-portrait
celui du type
la tête dans le guidon