La mort...
Bien armée d'une faux et vêtue d'un suaire
sablier ou tombeau c'est ainsi que naguère
te peignait volontiers l'image d'Epinal
il était coutumier ton squelette bancal
Maints poèmes et ballades bien plus que le démon
ont chanté la camarde, t'ont donné ce surnom
te bien d'autres encore tu venais des abysses
signer le livre d'or des dames du temps jadis
C'était le temps des rois et des hordes guerrières
de la peste et du froid on mourrait de misère
tu faisais ton ouvrage en faucheuse insatiable
c'était le Moyen-Age une époque exécrable
Longtemps tu es restée la compagne honorée
l'Eglise t'invitait les grands te courtisaient
à leurs carnets de bal ton nom venait souvent
signer d'un sang vassal celui des pauvres gens
Mais à l'heure d'aujourd'hui si les temps ont changé
tu ne meurs pas d'ennui tu n'as pas à chômer
le temps des rois est mort mais le nôtre est bien pire
c'est un morne décor celui de nos tristes sires
Que celui des banquiers des fascistes des bourgeois
qui sur le monde entier volent en oiseaux de proie
jusqu'au calendrier partout tu es présente
pour un peu je dirais que la mort est vivante
On nous fait tes complices aux termes de la loi
il faut des sacrifices ça rassure le bourgeois
cette engeance de veaux aime les abattoirs
et préserve sa peau et nage dans l'exhutoire
C'est la même chanson partout le cri de sang
il faudrait sans façon changer le cours du temps
et camarde livide s'il te venait parfois
des idées de suicide moi j'armerais ton bras
Sais-tu qu'il serait doux la logique le voudrait
que la mort tout-à -coup voit la mort de trop près
et qu'on donne à sa faux un beau double tranchant
sais-tu qu'il serait beau qu'elle parte les pieds devant
Je vois d'ci l'enterrement dans ses moindres détails
morte naturellement d'accident de travail
la camarde n'aurait plus à choisir de victime
on lui laisserait sans plus des pissenlits la racine
Bien armée d'une faux et vêtue d'un suaire...