Une voyelle, un jour, se lia d’amitié
Avec une consonne qui toujours travaillait,
Mais n’arrivait jamais à composer des mots
Qu’elle cherchait en vain, sans arrêt, sans repos.
Chez la consonne les gens venaient sonner
Pour y chercher ces mots qu’elle ne pouvait donner,
Tous ces gens repartaient en grondant, ricanant :
- C’est une bonne à rien, nous perdons notre temps.
La voyelle aussi cherchait des mots en vain
Insouciante et légère, ne s’en inquiétait point.
Un jour, un différent opposa les amies
La voyelle en colère subitement partit,
Elle dit en sortant « Tu n’es qu’une consonne »
Et s’en fut en riant de la pauvre consonne,
Qui ne s’en remit pas, elle semblait perdue
Elle tomba malade et ne travaillait plus.
Mais la voyelle était tenaillée de remords
Elle ne savait comment reconnaître son tort,
Survint un vieux renard qui lui dit en passant :
- La consonne est malade, son état inquiétant.
La voyelle affolée se mit vite en chemin
Alla vers la consonne et lui tendit la main,
La consonne sourit et ses yeux qui brillaient
Dirent à la voyelle qu’elle était pardonnée.
La voyelle ravie proposa aussitôt
De travailler ensemble et de lier leurs mots
Et cette chose ardue leur devint plus facile
On venait de partout, des campagnes et des villes.
Les gens portaient les mots comme on porte un trésor
Car chaque mot trouvé valait son pesant d’or.
Les deux amies eurent bientôt tellement de mots
Qu’il fallut les ranger dans un grand entrepôt,
Le vent vint les chercher et les mots s’envolèrent
Par-dessus les montagnes et au-delà des mers.
Quand consonnes et voyelles font la joie des lecteurs
Sur tous les continents il y a du bonheur.