Vivement qu’il soit là!
Neuf mois et le voilà,
Le bébé qui vient de naitre.
Tous ceux qui voulaient le connaitre,
Frères et soeurs et la smala,
L’accueillent en grand tralala.
Vivement qu’il soit grand !
Chuchotent ses parents.
Et les voilà qui prophétisent,
-Ce qu’on peut dire de sottises !-
Pour lui, un destin fulgurant,
Président ou star de l’écran.
Ah ! Vivement demain,
Qu’il prenne le chemin
De l’école ! La maternelle,
C’est l’entrée de ce long tunnel
Qui conduit droit aux examens
Qu’il aura en un tournemain.
Et vivement dimanche !
Il faudra qu’il s’épanche
Et lui dire : « Oui, pour toujours,
Je voudrais partager tes jours »,
A celle vers qui son coeur penche,
Si jolie dans sa robe blanche.
Puis, vivement la quille,
Les vacances en famille,
La fin du mois ou la Noël,
Le nouvel an sempiternel,
Le garçon, après une fille,
Le divorce, après les bisbilles !
Vivement la retraite !
Sa passion secrète,
Mise en sommeil pendant longtemps,
L’occupera dix ou quinze ans,
A moins que la mort, la discrète,
Ne l’invite dans sa charrette.
On oublie l’instant même,
Qu’il faut vivre à l’extrême.
Il court inexorablement
Le temps, qui nous fait croire, - Il ment,
Usant d’un vieux stratagème-,
Que nous sommes Mathusalem.