On quitte son pays, sa contrée de misère,
Le Minas, le Sertaõn, un futur odieux,
Qui n’a jamais connu croira que j’exagère,
Parfois femme et enfants, des jeunes et des vieux,
Pour gagner, plein d’espoir, une terre étrangère.
On atteint le premier obstacle, la frontière,
Qu’il faudra traverser, toujours en clandestin,
On attend le passeur, avec sa cafetière,
Caché de la patrouille, dans les bruits indistincts,
Puis on marche en forêt, des heures entières.
Là, on travaillera, labeur terrible, infâme,
Comme garimpeiro, dans l’eau et dans la boue,
Des mois loin de la vie, pour tous la même femme
Payée avec de l’or, pour aller jusqu’au bout
D’un rêve de richesse, à en perdre son âme.
La chaleur et la pluie, un lit de toile austère,
L’alcool et les bagarres, quelques meurtres banaux,
Toujours un oeil au ciel, guettant l’hélicoptère,
Pour bien s’éparpiller, tel un vol de moineaux,
Au coeur de la forêt, si pleine de mystères.
On en retrouvera, escortés de gendarmes,
Tout au fond d’un avion, en voyage retour,
Ils quittent ce pays sans verser une larme.
Pour certains, ce sera une halte alentour.
Il leur en faudrait plus pour qu’ils rendent les armes.
Quelques uns resteront dans ce milieu hostile,
Victimes d’un hold up ou d’un coup de couteau.
Leurs corps pourriront là, recouverts d’un textile.
D’autres, les plus chanceux, vont mourir à l’hosto,
Pour avoir voulu fuir une terre infertile.