Un joli parapluie
Surpris, je l’ai surpris
Un soir de trop de rêve
Enlisé sur la grève
Un mignon parapluie
Charmé, je l’ai suivi
Un soir de trop de bruine
De rideau de pluie fine
On peut y abriter
Plus que deux existences
Par gros vents s’envoler
Au gré de nos errances
Par beau temps s’inventer
Un parasol à soi
Une canne improvisée
Suspendue à son bras
S’engloutir comme Jonas
Au creux de ses baleines
Et danser dans la nasse
Le trottoir comme une scène
Savourer le spectacle
Des éclats sur la Seine
Devenue cette flaque
Où se jettent les peines
Cabotin je poursuis
Ce joli parapluie
Que le bitume reflète
Miroir aux alouettes
En haut d’un escalier
Avant que je pavoise
La silhouette engouffrée
N’est plus qu’ombre chinoise
Sous mon pauvre minois
Le chagrin me chagrine
Et si je ne pleure pas
C’est que je dégouline
Perdu le parapluie
Et disparu aussi
Au bout du parapluie
Cette si jolie fille.