J’ai la nostalgie bleue de moments invécus
Maisons créoles en bois, Saint-Antoine, Pointe-à-Pitre
Coquilles de moules, braderie, lillois tohubohu
Gelée blanche de Bergen imprimée sur la vitre
J’ai la nostalgie ocre de soirées inconnues
De duels de fourchettes pour un ultime blinis
De l’escrime théâtral aux fous-rires contenus
De lèvres interdites l’imaginaire office
J’ai la nostalgie pourpre de gestes intracés
De l’accueil capiteux de ma main sous sa veste
Du parfum d’une aisselle par son dos reniflé
Et de soupirs intimes quand les corps se déversent
J’ai la nostalgie noire de la langueur aveugle
Des dermes irrités aux siestes irrésolus
Qui repartent à l’assaut, qui oignent, qui sourdent, qui beuglent
Mes phalanges flageolantes agrippées à son cul
J’ai la nostalgie blanche -ai-je tout inventé ?-
L’averse pourtant me mouille, le ndolé je le sens
L’amertume sur ma langue, n’est-elle qu’imaginée ?
Ils me manquent jour à jour ces invécus moments…